Dans les années 50 à l’époque où la plage de la Redoute était encore à nous les Portiragnais, le luxe était d’aller passer le dimanche à la mer.
A l’aurore de cette journée qui s’annonçait belle, les hommes attelaient le cheval à la charrette, secouaient les bourras, prévoyaient le fourrage pour les bêtes, tandis que les femmes remplissaient les paniers de victuailles, pommes de terre, œufs bouillis, tomates, sardines à l’huile et du pain frais car on ne faisait que peu de grillades en ce temps-là !
Les enfants s’entassaient dans les charrettes avec des seaux, des pelles et de vieilles chambres à air qui leur servaient de bouée. Toutes les familles se regroupaient à la sortie du village et lentement à la queue leu leu direction la plage. Il n’y avait pas de dépassement. Les moins chanceux ou les plus courageux allaient à pied.
Sur le coup des neuf heures on atteignait le pont qui franchit le Canal (le pont de Roque Haute était bien plus étroit qu’aujourd’hui, juste la largeur de la charrette).
La route prenait fin au début de l’Allée des muriers (disparue de nos jours), au rond-point de la Tour Saint André et la Tour de l’Orb.

Les derniers cinq cents mètres se faisaient à pied en poussant la charrette qui s’enfonçait profondément dans le sable.
Tout suant et essoufflé on atteignait enfin notre plage de sable fin, hérissée de pyramides. Chaque groupe cherchait une place pour s’installer, ce qui n’était pas difficile : le rivage était désert !
Nos hommes dételaient les chevaux, les nourrissaient. Ils creusaient ensuite un trou au bord de l’eau pour plonger les bouteilles attachées par une ficelle afin de les garder au frais (le luxe était la bouteille de limonade).
Les femmes, à l’ombre des bourras, préparaient les salades et les assiettes. Les enfants étaient depuis longtemps dans l’eau ou bien fabriquaient de beaux châteaux de sable qu’ils détruisaient au moment de partir.
A midi, on dinait. Il n’était pas rare de s’interpeller :
« Vous voulez une tomate? »
« Oui merci. »
« Goûtez