La Brochette, bien plus qu’un restaurant

Il existe deux « châteaux » anciens à Sérignan. Le plus connu est situé impasse du château, l’autre, rue du Général Domergue (leurs emplacements sont visibles sur la carte des lieux historiques du village). C’est là que Solange Occhuizzo a fondé un des tout premiers restaurants du village, “la Brochette”. Dans les années 8o, la révision du Plan d’Occupation des Sols a failli avoir raison de cette bâtisse, afin de construire un grand parking en cœur de ville. Un compromis a été trouvé, bien que de magnifiques vestiges très anciens aient été détruits, au désespoir des historiens de l’époque.

La vision du restaurant d’avant vous est racontée par Bruno, le petit-fils de Solange.


“Cest une madeleine de Proust de mon enfance que j’aimerais évoquer. Nous sommes à la rue du Général Domergue. À cet endroit il y avait un hôtel-restaurant. Sept chambres permettaient aux touristes ou gens de passage d’être logés. Autant que je me souvienne, cet établissement était propice aux rencontres estivales. Dès mon jeune âge, j’ai fait connaissance avec des Hollandais, des Parisiens, des Lyonnais, des Toulousains… Les femmes s’affairaient aux diverses taches de la cuisine, de l’épluchage des oignons au triage du poisson, en passant par la cuisson des viandes, des légumes…

Devanture du restaurant “La Brochette”

Je me souviens des odeurs de mets qui mijotaient au feu de cheminée ou au poêle à bois. De nombreux plats y étaient cuisinés dont la fameuse bouillabaisse qui je le rappelle n’est pas qu’une soupe de poissons. On y trouve généralement de la baudroie, du Saint-Pierre, de la rascasse, et elle peut être servie avec des pommes de terre.

J’y ai vu des ouvriers de passage qui venaient s’y restaurer, mais aussi j’ai croisé des joueurs de rugby venir pour le repas d’avant ou après match. Je me souviens des discussions entre adultes qui refaisaient le monde et nous enfants nous aimions déguster de fameuses oreillettes ou autres gourmandises concoctées pour le goûter. J’y ai vu des mariages, des communions, des fêtes d’anniversaires…

La patronne de ce lieu était ma grand-mère, mamé Solange! Avec son caractère qui était le sien, elle est arrivée d’Espagne pour fuir le régime de Franco. C’était une cuisinière hors pair mais aussi une tisseuse d’histoires qu’enfant j’appréciais auprès du feu de cheminée. Après une succession de labeurs divers et variés, elle a même travaillé au casino de Valras. À force de persuasion et d’abnégation elle monta cet établissement appelé la Brochette qui à cette époque fût un des commerces qui animaient le centre historique actuel.”


Ceux qui ont connu Solange savaient qu’elle était passionnée (voir “passionaria“) dans tout ce qu’elle entreprenait.

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