Sérignan, mon village, je n’ai pas oublié!

Suite et fin du texte de Marcel Piazza paru sur notre site en juin de cette année.

Un petit enfant raconte les années 30. Marcel Piazza, fils de Pascal, mort pour la France.

“Sérignan, le village où je suis né un jour de décembre 1933 et où je suis resté jusqu’au début de la guerre. Mes grands-parents maternels s’appelaient Germain et Marie-Jeanne Barbel, née Sauzet, tous deux Sérignanais de souche. Ils n’eurent qu’une fille, Pierrette, ma mère. Côté paternel, Marie-Thérèse et Vincent Piazza, tous deux venus de Cétraro (Italie), au début du XXe siècle, parents de Pascal, mon père.”


Première expérience, première déception

En cadeau, j’avais eu un pistolet à amorces et ma mamé n’appréciait pas beaucoup quand ça pétait près de ses oreilles. Je m’étais aperçu que les munitions et les confettis se ressemblaient beaucoup. Le jour de carnaval, j’en récupérai une poignée dans la rue et sur-le-champ, je revins à la maison pour les essayer avec mon outil pétaradant. Quelle déception!

Deuxième expérience, grande réussite

Peu de temps après, c’est une carabine à flèches qui vint compléter ma panoplie de chasseur émérite. C’est là que j’ai eu l’idée de faire fonctionner les deux ensemble. Après avoir posé au sol une boîte pleine d’amorce, je tirais dessus au fusil. Je n’ai pas le souvenir du bruit du coup, mais je vois encore devant mes yeux le feu qui vint rôtir mes cheveux Pour une fois, ma mamé qui était cool d’habitude, prit la colère; “Petit, je vais te taper!”.

Comme on dit souvent, le signe vaut le coup. Un peu plus tard, j’ai eu en cadeau une voiture bleue à pédales, qui fit longtemps le bonheur de tous les enfants du quartier.

L’été à la Maïre

Marcel Piazza à la Maïre

C’est dans une petite cabane de pêcheurs que se déroulaient les grandes vacances. Le lit était posé sur le sable et les moustiques poursuivaient sans relâche pour se régaler de notre sang. Il fallait aller chercher l’eau au puits, chez un proche voisin, monter le seau qui était plus lourd que moi avec une chaîne rouillée qui grinçait. C’est sûr, elle n’avait pas vu l’huile depuis longtemps. C’est là que mon papé m’apprit comment caler les fers à lapins et aussi poser les pièges pour essayer d’attraper quelques oiseaux.

Mamé Marie-Jeanne disait souvent: « Le manger ne court pas les rues ». Il y avait toujours dans un coin de la cuisine, une boîte en fer pleine de chiffons avec un peu de farine où l’on faisait développer les vers pour les pièges d’oiseaux.

Papé était chasseur aussi et quelques fois, il me prenait avec lui et son fusil « Amerless » me fascinait, mais je n’avais pas le droit d’y toucher. Parfois on allait pêcher à la fourchette, à la « Riviérette ». Le but était de chercher dans l’eau peu profonde, avec une sorte de râteau au bout d’un bâton; au hasard, on pouvait attraper quelques soles ou carrelets qui amélioraient le menu.

Marcel Piazza, sa mère à gauche et Marcelle Aldebert

D’autres fois on allait chercher des foulégues (coques). En chemin, il fallait passer un ruisseau par un vieux pont étroit que mon cousin Eugène secouait pour me faire peur. C’est lui qui m’a appris aussi à manger la salicorne et les petits crabes crus.

On allait parfois à pied jusqu’à la mer. Les hommes qui savaient nager, plongeaient pour attraper les couteaux ou les moules J’avais trop peur de l’eau pour aller patauger avec eux. Je les regardais du rivage. Je crois que j’avais peur de tout! Avec mes Aïeux, s’est évanouie cette langue si jolie et qui me manque tant!


Ce texte écrit par Marcel en langue d’Oc, a été traduit très scrupuleusement par les élèves du groupe occitan CFPO sérignanais et leur professeur Cathy.

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