Portiragnes : le conseil de révision

Fût une époque où le conseil de révision était une étape importante dans la vie d’un garçon. Il passait de l’insouciance à la vie d’un homme : un « vrai » !

Le conseil de révision était de chargé d’examiner dans chaque canton, lors du recrutement, si les jeunes gens appelés sont propres au service militaire.

Pour Portiragnes, Jeannot nous raconte qu’une fois l’an au printemps, tout commençait à l’aube des 19 ans, par la distribution des convocations par le garde champêtre de l’époque monsieur Benjamin Saluste. Ces convocations sommaient les jeunes gens de se rendre à l’examen du conseil de révision.

Le grand jour arrivé, toute la classe en habit du dimanche, la mine fière, se retrouvait à l’arrêt du car «Galland» direction la sous préfecture de Béziers.

Ils n’étaient pas les seuls, loin de là, tout le canton était réuni, certains descendaient de leur montagne, c’était comme un jour de vacances.

Le premier rituel, une fois arrivé dans la grande salle, consistait à se dévêtir complètement. Nus comme des vers, les mains en coquille sur les bijoux de famille, ils s’observaient sans en avoir l’air.

Ensuite, chacun était «appelé» individuellement à se rendre dans une seconde pièce, où, en « ringuette » attendait la délégation des représentants de l’État, le sous Préfet, quelques militaires de haut rang arborant fièrement leurs décorations, et, évidemment le Maire du village du futur appelé.

D’abord la toise, la pesée, la recherche éventuelle des pieds plats et bien entendu le « palper » de leur bien le plus précieux.

Puis, quelques questions pas trop difficiles pour tester le Q.I., la religion aussi. Si tout était OK le médecin chef militaire aboyait avec autorité:

« Bon pour le service! Au suivant!« 

A la sortie du conseil de révision, les conscrits du même village se regroupaient pour se questionner :

« Alors t’es bon ! Ouais, ouais et toi ?
Moi non merde j’ai les pieds plats !
« 

Puis, dans la boutique la plus proche, on achetait les emblèmes de la réussite, une grosse cocarde tricolore, le nom de la classe ou tout simplement « bon » ou « bon pour le service » qu’on arborait fièrement comme un emblème de virilité !

Exemple avec la classe de 1936

Suivait la traditionnelle photo de la classe du village.

Classe de 1940 à Portiragnes. Debout de gauche à droite : H. Daumet, B. Berail, M. Coget, M. Molinier, L. Landuze. Assis de gauche à droite : U de Lasserre et L. Champagnol

Les plus courageux s’aventuraient rue Victor Hugo à Béziers vers le « Chat noir » pour y affirmer ou tester le nouveau statut d’homme !!!

La fête commençait avec les copains ou la famille dans un bon restaurant, autour d’ un repas bien arrosé. Le retour au village par le dernier autocar se faisait dans une joyeuse et bruyante débandade. Les plus rigolards roulaient les mécaniques !

La soirée se poursuivait chez les amis ou les parents qui félicitaient et offraient ici, un p’tit verre de crème de cacao, un p’tit verre de vin de noix par là ou du quinquina et de la crème de banane. A cette époque pas la moindre bière, ni pastis ne faisaient partie des boissons viriles !!! Les plus naïfs se faisaient piéger et prenaient leur première « cuite ».

A la nuit tombée le charivari débutait. Gare à ceux qui n’avaient pas eu la prudence de mettre en lieu sûr les pots de fleurs. Ces derniers se retrouvaient le lendemain sur la place devant la mairie au milieu de centaines d’objets, vélos, brouettes, les rideaux de porte, linge de maison… Trimballer des charrettes, des tombereaux ne leur faisaient pas peur, ils étaient forts comme des turcs ! La tinette s’est même retrouvée une fois dans la Canal !C’était un désordre indescriptible où, chacun venait récupérer son bien, certains en riant, d’autres en rouspétant.

Quelques mois plus tard suivaient les fameux 3 jours à Tarascon. La visite médicale était plus sérieuse. On subissait quelques tests de lecture, de calcul et l’on indiquait gentiment le choix d’arme préférée. La marine si l’on savait nager ou dans les chasseurs Alpin si l’on n’avait pas les pieds plats !!!

Puis, venait le temps du vrai service qui durait 18 mois, les classes 58 et avant se sont retrouvées en Algérie. Pour certains c’était moins drôle jusqu’à 29 mois, voire 36 mois, pour d’autres ce fût dramatique.

Reste que dans la tête et le cœur de tous ces garçons, le conseil de révision demeure un bon souvenir.

Classe de 1957 à Portiragnes. Debout de gauche à droite : Bernard Labrousse, André Seguier, Henri Blanc, Maurice Sarda. Accroupis de gauche à droite: Yvan Banat, Paul Combarnous.

Un commentaire

  1. Bonjour C’est regrettable que les conseils de révision n’existent plus ,c’était une belle cérémonie ,bien sur certains pouvaient trouver génant ,humiliant de se présenter tout nu a un comité de notables avec parfois la présence de femmes ce qui est tout a fait légitime ,sur le coup je n’aurait pas fait le malin trop impressionné par la solennité de l’événement

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