Les souvenirs qui suivent ont été recueillis par Francis Couradin dans le cadre du travail effectué par Portiragnes Autrefois.
Depuis la rédaction de cet article, Francis a récolté plus de 3000 photos des anciens de Portiragnes sur son blog Portiragnes Passion.
- Déclaration de guerre
- Nos amis les belges
- Le ravitaillement
- L’arrivée des allemands
- Les mines
- Nos soldats
- La Résistance
- Le commencement de la fin
- La libération
Déclaration de guerre
En ce début septembre1939, tout était calme dans notre commune. Chacun vaquait à ses occupations habituelles. Les petits et les grands propriétaires viticoles s’activaient à la préparation des vendanges prochaines.
La chaleur était douce en ce 3 septembre, lorsque les Portiragnais, où qu’ils se trouvaient, se figèrent sur place, quand, retentit au clocher le son lugubre du tocsin. Ici, une jeune femme qui lavait son linge éclata en sanglots, ailleurs on interrompit son ouvrage pour aller aux nouvelles.
Ludo se souvient qu’il était descendu aux écluses rejoindre ses copains pour la première et unique partie de pêche de sa vie. Dès qu’ils entendirent les cloches, ils remontèrent rapidement vers la mairie. De partout les gens affluaient, inquiets autour de Monsieur Dumas qui agitait fébrilement les baguettes de son tambour, annonçant gravement que la France venait de déclarer la guerre à l’Allemagne, suite à l’invasion par celle-ci de la Pologne.
Évidemment, par les journaux ou la radio, des bruits inquiétants circulaient. Mais tout cela était loin, si loin que rien ne semblait vouloir troubler la quiétude de notre petit village.
Et pourtant, une bien longue et triste période débuta.
Dans un premier temps, la mobilisation commença par vider la commune de son contingent d’hommes jeunes et valides. Les premières difficultés se firent sentir au moment des vendanges. Courageusement, les femmes se sont mises au travail, effectuant les labeurs les plus pénibles, aidées vaille que vaille par les vieux, les « garels » et les adolescents les plus costauds.
Il paraît que la récolte, cette année là, fût bonne et que le vin se vendit bien.
Les rares voitures du village furent réquisitionnées par l’armée française.
Germain Pierre dût céder sa belle Citroën qui ne comptait que 2000km pour 19000 francs de l’époque. Après d’âpres discussions avec un officier français, il en obtint finalement 22000 francs.

Nos amis les belges
En mai 1940, de très nombreux enfants belges commencèrent à affluer en gare de Béziers comme en 14. Ils sont répartis en « quota » par les autorités biterroises dans les villages de la région. Un peu plus tard, des familles entières de réfugiés se présentèrent dans notre commune. Plusieurs centaines sont logés, un temps, à la distillerie située à l’entrée du village, très vite transformée en une sorte de camp. Une maison appartenant à Madame de Buron (ancienne maison des œuvres) servira de « cantine » à tout le monde, et quelques personnes dévouées s’occuperont de préparer les maigres repas avec le peu de provisions que l’on pouvait se procurer.
Marinette se souvient d’un enfant amaigri, s ’approchant timidement d’une fenêtre ouverte. La maitresse de maison lui tendit un carré de chocolat et dans la minute qui suivit une nuée de bambins s’agglutinait devant chez elle.
Le père de Ludo hébergera la famille Urbain, boucher en Belgique, ainsi que la tante et trois jeunes filles Alice, Andrée et Andréa. On peut le dire aujourd’hui, il y a prescription, durant leur séjour, quelques flirts s’ébauchèrent avec les garçons de chez nous.
Amour = espoir, même en temps de guerre.
Alice reviendra au village quarante ans plus tard avec son époux, qui lui, était réfugié à Maraussan, ils étaient accompagnés de la plus jeune de leurs cinq enfants.
Nous ne pouvons mettre à l’honneur toutes les familles qui se sont montrées accueillantes et généreuses. Disons seulement que le mot « solidarité » n’a pas été un vain mot à Portiragnes pendant cette période difficile.
Faut-il trouver là l’explication de l’intérêt que manifestent les belges aujourd’hui pour notre station?
Une plaque souvenir a été offerte après la guerre et scellée sur la façade de la mairie, puis déplacée sur l’angle gauche ( lorsque l’on posa les lettres « hôtel de ville », la plaque se trouvait initialement sous le « de »).

Avant l’invasion allemande, Vichy avait ordonné de réquisitionner en mairie tous les métaux, cuivres, chandeliers, etc. des fusils de chasse et autres armes disponibles. Certains s’exécutèrent docilement, d’autres, plus malins, les dissimulèrent cinq pieds sous terre dans leur jardin et pour plus de sûreté les recouvrirent de « cabalets » de sarments. Dès que, au gré des besoins, ceux-ci se creusaient un peu, ils étaient aussitôt minutieusement reconstitués.
A la libération beaucoup de ces armes furent retrouvées inutilisables car, trop piquées par la rouille.
Le ravitaillement
Outre l’inquiétude que suscitait l’absence des êtres chers partis au front, le ravitaillement était un problème crucial. Gisèle insiste sur l’angoisse du matin au réveil :
« Qu’allons nous pouvoir manger aujourd’hui »?
On s’organisa. Entre les rangées de souches de vignes on planta des haricots , des pommes de terre, bien surveillés pour éviter « les petits vols entre amis ».
En vélo, en autobus, les femmes partaient à l’aventure dans l’arrière pays avec sacs et valises à la recherche d’œufs, de poulets, de viande, de beurre ou de savon. Elles revenaient chargées comme des mules, avec leur précieuse cargaison qu’il fallait faire durer longtemps, très longtemps.
Ceux qui avaient de la famille ou des connaissances dans le Tarn ou l’Aveyron y restèrent jusqu’à la fin de la guerre, comme notre ami Hugues qui n’avait qu’une dizaine d’années. Les plus riches se payaient le luxe de ramener un cochon entier mais il ne fallait pas tomber sur les gendarmes, qui confisquaient le chargement aussitôt.
Au printemps 1941, le manque de pain se fait plus sévère, Monsieur Salgue le boulanger, en fabrique avec du seigle, du maïs, du son et même de la luzerne. Quelquefois il était de couleur noire ou verte. Les tickets d ‘alimentation sont utilisés avec parcimonie mais, la faim est telle que les quotas de sucre et de pain sont mangés dès la première semaine. En 1949, il restait encore de ces tickets de rationnement, certains grossièrement réalisés par les imprimeurs du coin.
Denise confie que le jour où l’on pouvait se procurer quelques pommes de terre on conservait les épluchures pour les déguster le lendemain en friture ( si on avait de l’huile). Alberte, en riant, se rappelle du menu de l’époque :
« Des farinettes le lundi, des farinettes le mardi, le mercredi et tous les jours suivants… »
Alors on se délectait de la chair blanche des lézards verts, les anguilles et les grenouilles étaient traquées dans les ruisseaux, le moindre escargot était consommé, plus de « Lachichous » dans les vignes, les « bouteillous et les jujubes » offraient leurs fruits sucrés aux enfants, les rutabagas et les topinambours occupaient régulièrement nos assiettes et possédaient un pouvoir diurétique incontestable !
Les glands et l’orge remplaçaient le café, la saccarine le sucre. Le père Ejarque berger d’un petit troupeau de chèvres vendait sa maigre production de lait. Le savon introuvable était remplacé par de la « saponaire » plante qui fait mousser l’eau comme du savon !

Le 4 mai 1942 monsieur Iché et son Conseil Municipal, approuvent « l’œuvre » de rénovation nationale entreprise par son « illustre » chef, le maréchal Pétain comme dans beaucoup d’autres villes de la région, telle Agde et son maire Jean Félix.
Entre 1941 et 1942, le manque de main d’œuvre faisant cruellement défaut, les chantiers de jeunesse envoient du monde pour assurer le sulfatage et certains autres travaux. Le premier groupe venait de Lyon et Grenoble. Il restera un mois et tout le village leur fera la fête , la veille de leur départ. Certaines amourettes sont nées à ce moment là et se concrétisèrent par des mariages après la guerre.
L’arrivée des allemands
Un jour de 1943, le maire délégué G.Iché, remplaçant de M. Poursines décédé, est contraint de recevoir un Officier allemand et son ordonnance venus en éclaireur au village. Celui-ci demande à être logé le soir même, mais Portiragnes n’a pas d’hôtel. Monsieur Iché propose la maison de Madame Veuve Poursines qui vit seule avec sa servante. Il fut logé dans la chambre de l’abbé François Poursines, un des deux fils de l’ancien maire. Claire Castelbou vint dormir ce soir là chez Madame Poursines qui n’était pas rassurée !
Les jours suivants les allemands investirent le village. Roque Haute puis Roque Basse d’où les propriétaires furent vite expulsés. La grande maison de Cazes (rue de l’égalité) devint le siège de la kommandantur, de même qu’il y eut un petit QG dans la maison Pélissier (face à la Poste). Une cantine fût installée chez Saint Victor et un dépôt de munitions au lieu dit Saint Félix (derrière la coopérative). De nombreux soldats seront « casés » chez plusieurs familles du village.
Les allemands venaient surveiller la côte, de crainte d’un débarquement . Vingt à trente hommes réquisitionnés, travaillèrent à l’entreprise « Ligori Astre » sur la construction du blockhaus et de casemates .
L’occupant exigeait de la main d’œuvre pour construire un bunker à Roque Haute (détruit aujourd’hui), de même pour le blockhaus de Portiragnes-plage (détruit en novembre 2007).


Ludo dut travailler à la construction de la galerie qui servit de dépôt de munitions sous les ordres d’un sergent allemand qui ne cessait de hurler :
« Arbeiten ! Arbeiten«
De même, des femmes, par nécessité seront contraintes de faire le ménage aux officiers allemands moyennant une petite rémunération.
En 1944, plus de 400 allemands occupaient Portiragnes. La maison Baldy au cœur du village comptait 25 hommes et 7 chevaux.
Nos plus anciens ont connu cette période trouble et n’ont jamais pu oublier le bruit des bottes au pas de l’oie, dans les rues du village, le soir après le couvre feu.
L’électricité était coupée de 20 à 7 heures. Les volets fermés, les vitres peintes en bleu pour dissimuler la lumière, créaient une appréhension supplémentaire. Des tranchées collectives ou individuelles étaient creusées par les Portiragnais, au plan de la bascule, au fond du chemin de la Condamine ( face à la pharmacie) qui servaient d’abris, tout comme la cave de Cassot, ruisseau naturel. A chaque alerte aérienne on s’y précipitait en prenant soin de serrer un bout de bois entre les dents. On écoutait déjà Radio Londres.
Quelques anecdote
Un capitaine allemand était logé chez la mère de Marinette. Un jour, il apprit le décès de son deuxième frère sur le front Russe et dut partir précipitamment, laissant sa tenue d’officier bien à plat sur une chaise et sur l’armoire un carton rempli de cartouches de mitraillettes et divers papiers. A trois heures du matin quatre allemands vinrent récupérer les affaires, laissant en « souvenir » la photo d’Hitler placardée sur le mur de la chambre.
Par bravade Sans Cannelle sortait son drapeau tricolore surtout au 14 juillet.
Paulette, à qui un vieux soldat allemand demandait de lui chanter un air de son pays, entama à tue tête sans trop réfléchir :
Vous avez eu l’Alsace et la Lorraine,
et malgré tout nous resterons français,
vous avez pu germaniser la plaine,
mais notre cœur vous ne l’aurez jamais !
sous les regards médusés et inquiets de ses camarades. Il faut croire que l’allemand n’a pas saisi le sens des paroles, car il ne manifesta aucun mécontentement. Paulette est aujourd’hui surprise de son audace de l’époque.
Les mines
De nombreuses mines furent enterrées par les allemands sur tout le territoire de la commune, causant des pertes à certains agriculteurs qui ne pouvaient plus travailler leurs terres . Ils en placèrent en mer, sur les pyramides de béton et surtout sur la plage, reliées entre elles par un mince fil et souvent des détonations résonnaient le jour comme la nuit, car il suffisait du passage d’un lapin pour les faire exploser.
Un Portiragnais avait assisté à la pose de mines dans les Salans. A la libération, les prisonniers allemands furent contraints de débarrasser le secteur, mais cette personne prévint qu’il en restait encore une enfouie quelque part. A quelques jours de là, il avait plu. Monsieur Clément Fortanier et son ouvrier rentraient du travail en charrette. D’habitude, ils suivaient le tracé des ornières creusées par les nombreux passages. Ce jour là, ils dévièrent légèrement et passèrent sur la mine manquante. Monsieur Fortanier fut projeté très loin, fortement choqué et son ouvrier Monsieur Chavardes dut être amputé d’une jambe.
De même les frères Alemany habitaient au lieu dit « Monplaisir ». Un jour qu’ils allaient à la pêche en passant au plus court par les champs, un des garçons sauta sur une mine , son frère venu à son secours sauta à son tour, deux jeunesses fauchées ! Ils restèrent 24 heures gisants à même la terre, le temps du déminage du champ puis déposés à la campagne de Saint Hubert où ils restèrent plus de huit jours avant de pouvoir être inhumés. Ces champs de Roque Basse ont été bombardés quelques semaines plus tard par les anglais.
Notre village a payé son triste tribut durant cette guerre.
La faim poussait les gens à glaner le blé dans les zones balisées où les épis étaient plus beaux. Une jeune femme russe maman d’un petit garçon n’a pu résister à l’envie d’en cueillir, appelant ses collègues de travail à faire comme elle.
Paulette se souvient d ’une terrible explosion et d’un immense nuage de fumée et d’une vision qu’à ce jour, elle n’a pu oublier celle d’une jambe projetée en l’air très haut.
La pauvre femme criait : « Ne venez pas, ne venez pas ».
Transportée à l’hôpital elle mourut deux jours plus tard.

Nos soldats
Comme nous l’avons évoqué plus haut, tous les hommes valides étaient partis au front. Un grand nombre furent faits prisonniers en Allemagne. Les familles étaient très inquiètes, d’autant que le courrier était rare. Les demandes de colis de nourriture ne pouvaient pas toujours être satisfaites. On envoyait de la mortadelle, des pâtes de fruits que l’on se procurait hors tickets ainsi que des produits du jardin et des conserves.
Dans les petites fermes allemandes nos prisonniers étaient appréciés pour leur savoir faire . Par contre ceux qui travaillaient en usine souffraient terriblement. Le futur mari de Paulette revint d’Allemagne avec les cheveux roux, brulés par la chaleur des hauts fourneaux.
Anecdote
Henri Séguier travaillait dans une ferme allemande. A son patron qui lui demandait : « Wie sagt mann guten tag auf Französich? » (comment on disait bonjour en français ), le malicieux Henri répondit : « Moun cioul » (mon cul). Et chaque jour, son patron très fier de connaître un mot de français le gratifiait d’un « Moun cioul ».
Emilien, le père de Hugues soldat dans l’intendance de l’armée française du côté de la frontière belge, réussit à passer à travers les lignes allemandes et revint à Portiragnes par ses propres moyens.

Mais rares sont ceux qui passèrent à travers les mailles du filet de la grosse machine de guerre allemande après la défaite de l’armée française.

La Résistance
La résistance par définition fut clandestine et l’on sait peu de chose de nos véritables héros, nous ne connaissons sans doute qu’une toute petite partie de l’histoire. Ce qui est sûr, c’est que dès 1941 un noyau de résistants se formait dans chaque village du biterrois comme partout en France.
A Béziers, le Chef de «réseau COTY» se nommait Fernand Pujol , le père de Gisèle.
Fernand Pujol était un ancien combattant de la grande guerre de 14-18, et avec un groupe d’amis il créa des mouvements de résistance dans la région. En 1943, engagé volontaire aux F.F.C (Force Française Combattante), il devint Chef régional du réseau « Reuns » du B.C.R.A de Londres (Bureau Central de Renseignements et Action) . Après la guerre, on lui attribua de nombreuses décorations avec en autres :
La légion d’honneur – la médaille militaire – la croix de guerre de la résistance – la décoration anglaise « King’s médal of courage », sans oublier la croix de guerre belge avec palme.
On peut évoquer aussi les parachutages d’armes par les alliés, sur l’aérodrome de Saint Privat que les résistants du coin allaient cacher de nuit sous le nez des allemands qui « séjournaient » au domaine de Preignes.
Il est impossible d’évoquer tous ces souvenirs sans trahir de lourds secrets. Nous garderons dans l’anonymat les noms de ces combattants de l’ombre, qui on fait leur guerre clandestine dans les maquis ou dans la montagne.
Le commencement de la fin
En janvier 1944, craignant les bombardements, les autorités de Vias décident d’évacuer la zone côtière et les viassois trouvent refuge à Tourbes, à Pomerols ou dans l’Aveyron, comme les agathois qui émigrent à l’intérieur de l’Hérault et surtout à Magalas ( village de 650 habitants).
A Portiragnes le plan d’évacuation existait sur deux villages de l’arrière pays dont Cebazan (300 habitants), mais la procédure n’a pas été déclenchée.
Au printemps 1944, les bombardements commencent sur Sète et Frontignan (réserve de pétrole) , les allemands ont brûlé le château de Vias. Des témoins nous ont raconté qu’un train a été mitraillé à proximité de la gare de Villeneuve. Le 9 juillet, c’est la gare de Béziers qui sera bombardée.
Le 12 août 1944, Roque Haute et Preignes subissent la foudre des alliés qui soupçonnent les allemands d’y abriter un important stock de munitions.
Le pont de l’écluse était miné. Le jour de la débâcle, deux allemands sont restés pour le faire sauter, des Portiragnais les ont fait boire plus que de coutume, et pendant ce temps un petit groupe coupait les fils.
La libération
Les anciens du village se souviennent de l’arrivée d’une traction avant balisée aux couleurs des FFI (Force Française de l’Intérieur), avec sur les ailes de la voiture des hommes armés, dont quelques Portiragnais. Fernand Pujol remonta l’avenue jusqu’à la Mairie, des femmes l’embrassèrent au passage.
Ce 23 août 1944, le Comité de libération avec Augustin Trouche à sa tête prend possession de la mairie avec comme première décision le remplacement de Germain Iché désigné Maire par Vichy. Dans le compte rendu (retrouvé dans les archives) on peut lire que le « changement s’est effectué dans l’ordre à la grande satisfaction de la population ».

Mais la guerre n’est pas finie, il faudra attendre encore de long mois, jusqu’au 8 mai 1945, jour de la signature de l’Armistice .
Les cloches carillonnent, c’est la liesse au village. Des défilés improvisés se forment, des chants résonnent :
« C’est nous les africains qui revenons de loin,
Nous avons laissé là bas nos parents, nos amis,
Et nous avons au cœur une invincible ardeur.
Car nous voulons porter haut et fier,
Notre drapeau et notre France entière.
Et si quelqu’un venait à y toucher
Nous serions là pour mourir à ses pieds
etc . etc.
Un drame vient endeuiller la fête, au dépôt St Félix des jeunes gens sont allés chercher des pains de plastic pour les faire sauter. L’un d’eux François Libros, 21 ans, trouve la mort en les manipulant, juste au pied de la croix de la Mission. Transporté dans une maison voisine ( à côté de la fleuriste), il meurt dans les bras de son frère.
Malgré la tristesse de tout le village, et parce que la vie prime sur la mort, le bal a lieu malgré tout, le soir même à la Distillerie, la salle la plus grande de l’époque.

L’élection municipale de 1945 confirmera l’équipe Auguste Trouche élu à la mairie avec comme adjoint Joseph Calas. Joseph Calas communiste depuis 1925 est sauvé de l’arrestation par Germain Iché.
Sur la commune de Portiragnes on dénombrera un mort, disparu en déportation Roger Alquier, (une rue du lotissement « des grands Pins » porte son nom) .
Cette guerre aura fait 110 tués dans le biterrois, une quarantaine de déportés non revenus, plus les juifs. A la libération 25 à 35 collaborateurs seront fusillés.
Le défilé de De Lattre qui allait de Montpellier à Béziers passa au loin sur la route Nationale (Pierre plantée).
Nos prisonniers revinrent par petits groupes, pris en charge par la croix Rouge ou le secours catholique . A leur arrivée, ils se voyaient offrir par la jeunesse du village un bouquet de fleurs en hommage à leurs souffrances.

Dernier commentaires