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Traduction de la plaque en latin de l'ancienne mairie

Citation de Yannick Barbel le 8 août 2023, 22h15Bonsoir @patipap, suite à ton article je lance ce sujet sur le forum de discussion :
Le texte d'origine semble être:
vidimus hic veterem aedem quo sublata deinde
funditus assurgit pulchrior ista fores
urbis restaurantur haben et templa nitorem
atque in lonca casam tempora miles habet
scire cupis sint tanta quibus rectoribus acta
hi sunt quorum infra nomina scipta videsN'étant pas latiniste, je suis passé par Google Translate... sans grand succès:
nous avons vu ici une vieille maison qui a ensuite été enlevée
ces portes sont plus belles que jamais
la ville est restaurée et les temples brillent
et le soldat a des moments dans la vieille maison
Je souhaite savoir qu'ils sont d'une telle ampleur quant aux dirigeants qu'ils ont agi
ce sont ceux dont vous voyez les noms écrits ci-dessousD D
Guillaume ROQUE – Gabriel RASCAS – Pierre TINDEL – Thomas LABADIEJacques GAUTIER scribe
dans l'année de Notre-Seigneur 1739A partir du contexte, il semble possible de faire une traduction que j'espère être plus proche (à défaut d'être précise) :
nous avons vu ici une ancienne maison, qui a été reconstruite
ces portes sont plus belles que jamais
la ville est restaurée et les temples brillent
un soldat a vécu dans l'ancienne maison
vous souhaitez savoir qui sont les dirigeants qui ont agit ?
ce sont ceux dont vous voyez les nom ci-dessous
D D
Guillaume ROQUE – Gabriel RASCAS – Pierre TINDEL – Thomas LABADIEJacques GAUTIER scribe
dans l'année de Notre-Seigneur 1739
Bonsoir @patipap, suite à ton article je lance ce sujet sur le forum de discussion :
Le texte d'origine semble être:
vidimus hic veterem aedem quo sublata deinde
funditus assurgit pulchrior ista fores
urbis restaurantur haben et templa nitorem
atque in lonca casam tempora miles habet
scire cupis sint tanta quibus rectoribus acta
hi sunt quorum infra nomina scipta vides
N'étant pas latiniste, je suis passé par Google Translate... sans grand succès:
nous avons vu ici une vieille maison qui a ensuite été enlevée
ces portes sont plus belles que jamais
la ville est restaurée et les temples brillent
et le soldat a des moments dans la vieille maison
Je souhaite savoir qu'ils sont d'une telle ampleur quant aux dirigeants qu'ils ont agi
ce sont ceux dont vous voyez les noms écrits ci-dessousD D
Guillaume ROQUE – Gabriel RASCAS – Pierre TINDEL – Thomas LABADIEJacques GAUTIER scribe
dans l'année de Notre-Seigneur 1739
A partir du contexte, il semble possible de faire une traduction que j'espère être plus proche (à défaut d'être précise) :
nous avons vu ici une ancienne maison, qui a été reconstruite
ces portes sont plus belles que jamais
la ville est restaurée et les temples brillent
un soldat a vécu dans l'ancienne maison
vous souhaitez savoir qui sont les dirigeants qui ont agit ?
ce sont ceux dont vous voyez les nom ci-dessous
D D
Guillaume ROQUE – Gabriel RASCAS – Pierre TINDEL – Thomas LABADIEJacques GAUTIER scribe
dans l'année de Notre-Seigneur 1739

Citation de rdaniel le 11 août 2023, 12h33Bonjour,
contacté par Yannick Barbel, j'essaie de mettre mes connaissances de professeur de latin au service de la cause.
Voici une proposition de traduction - j'ai mis en gras mes modifications, et entre parenthèses les mots latins concernés lorsque cela semblait litigieux; je l'ai complétée de remarques qui expliquent mes choix de traduction; ils vous permettront de compléter ou affiner si vous avez des informations que je n'ai pas sur le contexte historique; cela pourrait également éclairer un autre traducteur si vous voulez un deuxième avis - pour information le dictionnaire en ligne utilisé est le GAFFIOT (https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php):Nous voyons (vidimus) ici un édifice ancien, qui après avoir été détruit (sublata) de fond en comble (funditus) se dresse encore plus beau; ceci (ista), c'est la porte de la ville restaurée. Même des temples (et templa) en ont l'élégance. De fait, pour une longue période de temps, c'est l'armée (miles) qui en fait ses quartiers (casa).
Tu souhaites savoir à quels "responsables politiques" (rectoribus) peuvent revenir de si grandes actions?
Ce sont ceux dont tu vois les noms écrits ci-dessous:
les seigneurs (D.D.)
Guillaume ROQUE – Gabriel RASCAS – Pierre TINDEL – Thomas LABADIEJacques GAUTIER secrétaire/greffier
dans l'année de Notre-Seigneur 1739REMARQUES:
1.J'ai eu beaucoup de mal à cause de l'absence de ponctuation; pas sûr de savoir quand commence et finit une phrase et donc avec quel mot en associer un autre. Je ne suis pas épigraphiste. J'ai fini par décider qu'il y avait un point ligne 2 après "PULCHRIOR", et un autre après "RESTAURANTUR" (les verbes marquent très souvent des fins de phrase - exception pour "Habent" ici cependant). Pour les autres phrases, cela semble plus facile, chacune semblant se tenir sur une ligne entière.
2.L'expression "sublata funditus" se trouve dans le Gaffiot citée comme exemple de l'usage du verbe "Tollo" chez Cicéron (à propos de la destruction de Carthage); c'est un texte classique qui devait être connu à l'époque, je pars donc sur cette hypothèse de traduction: "détruit de fond en comble", qui semble qualifier "aedem", l'édifice en question.
3.Gros questionnement sur "ista": ce démonstratif signifie celle-ci (au féminin singulier, reprenant alors "aedem", ou au pluriel neutre, reprenant alors par anticipation "templa"). Avec lequel des deux mots l'accorder? Je suis parti du principe que l'inscription désignait DE VISU ce que le lecteur avait sous les yeux, et donc la fameuse porte (voir l'annotation sur le site: " cette plaque scellée en dessus d’une vieille porte ") ; donc "CECI" (= ce que tu as sous les yeux quand tu lis ce texte)
4.Grosse énigme aussi sur l'apparition du mot "templa"; la phrase est difficile à délimiter parce qu'elle COMMENCE par un verbe ("Habent") au lieu de finir par lui. Je suis parti du principe que le mot "et" était le raccourci du mot "etiam", comme cela arrive souvent, d'où le sens de "même". Je crois qu'il s'agit d'une comparaison flatteuse avec la beauté des temples, et non l'évocation d'une fonction religieuse de l'édifice. C'est un parti pris qui m'arrange, car je n'arrivais pas à faire le lien, sinon. A noter au passage que le mot "temple" réfère certainement au culte protestant. Si j'avais un peu plus de connaissances du contexte historico-religieux, je pourrais peut-être trancher plus aisément.
5.Enfin, j'ai trouvé dans le Gaffiot que le mot "miles" pouvait être un singulier collectif, c'est à dire qu'au lieu de "soldat", on pouvait comprendre "les soldats", l'armée; cela me semblait mieux correspondre avec "casa", qui peut parfois désigner un "baraquement militaire". Sinon, ce serait soit une cabane, une chaumière, soit une propriété rurale, une petite ferme; mais ces deux acceptions ne me semblent pas aller avec le contexte citadin (URBIS). Donc je comprends "baraquement" pour "l'armée". Je n'ai pas vu le bâtiment sur place, n'habitant pas la région, mais les première lignes semblent parler d'un édifice plutôt imposant, non une simple bicoque. Je me suis donc permis de placer l'expression "quartiers militaires", je ne peux pas estimer si l'expression est appropriée ou exagérée; pour cela, je vous laisse juge du terme adéquat.
En discutant récemment avec Yannick, nous avions également émis l'hypothèse d'une influence de l'occitan: "casa" est-il un mot qui au XVIII° siècle pouvait désigner la maison d'un soldat unique, un officier, peut-être? C'est séduisant, même si je ne suis pas occitaniste, mais je vois deux objections à cela:
a-il serait surprenant que l'auteur mêle un registre classique (référence à Cicéron) et du latin de cuisine, mâtiné d'occitan
b-pourquoi désigner par le mot de soldat un officier? Le mot "miles" est réservé aux soldats du rang. Or, lorsqu'il s'agit d'utiliser les grades civils, l'auteur le fait très bien ("rectoribus", que j'ai traduit par "responsables politiques", mais vous trouverez peut-être mieux si vous avez le contexte de l'époque en tête - il utilise aussi les initiales de Dominus, "le maître", "le seigneur"). Pourquoi ne le ferait-il donc pas pour les grades militaires?
Voilà ce que je peux dire sur cette traduction.
N'hésite pas à me demander des précisions le cas échéant.
Cordialement
Régis DANIEL
Bonjour,
contacté par Yannick Barbel, j'essaie de mettre mes connaissances de professeur de latin au service de la cause.
Nous voyons (vidimus) ici un édifice ancien, qui après avoir été détruit (sublata) de fond en comble (funditus) se dresse encore plus beau; ceci (ista), c'est la porte de la ville restaurée. Même des temples (et templa) en ont l'élégance. De fait, pour une longue période de temps, c'est l'armée (miles) qui en fait ses quartiers (casa).
Tu souhaites savoir à quels "responsables politiques" (rectoribus) peuvent revenir de si grandes actions?
Ce sont ceux dont tu vois les noms écrits ci-dessous:
les seigneurs (D.D.)
Guillaume ROQUE – Gabriel RASCAS – Pierre TINDEL – Thomas LABADIEJacques GAUTIER secrétaire/greffier
dans l'année de Notre-Seigneur 1739REMARQUES:
1.J'ai eu beaucoup de mal à cause de l'absence de ponctuation; pas sûr de savoir quand commence et finit une phrase et donc avec quel mot en associer un autre. Je ne suis pas épigraphiste. J'ai fini par décider qu'il y avait un point ligne 2 après "PULCHRIOR", et un autre après "RESTAURANTUR" (les verbes marquent très souvent des fins de phrase - exception pour "Habent" ici cependant). Pour les autres phrases, cela semble plus facile, chacune semblant se tenir sur une ligne entière.
2.L'expression "sublata funditus" se trouve dans le Gaffiot citée comme exemple de l'usage du verbe "Tollo" chez Cicéron (à propos de la destruction de Carthage); c'est un texte classique qui devait être connu à l'époque, je pars donc sur cette hypothèse de traduction: "détruit de fond en comble", qui semble qualifier "aedem", l'édifice en question.
3.Gros questionnement sur "ista": ce démonstratif signifie celle-ci (au féminin singulier, reprenant alors "aedem", ou au pluriel neutre, reprenant alors par anticipation "templa"). Avec lequel des deux mots l'accorder? Je suis parti du principe que l'inscription désignait DE VISU ce que le lecteur avait sous les yeux, et donc la fameuse porte (voir l'annotation sur le site: " cette plaque scellée en dessus d’une vieille porte ") ; donc "CECI" (= ce que tu as sous les yeux quand tu lis ce texte)
4.Grosse énigme aussi sur l'apparition du mot "templa"; la phrase est difficile à délimiter parce qu'elle COMMENCE par un verbe ("Habent") au lieu de finir par lui. Je suis parti du principe que le mot "et" était le raccourci du mot "etiam", comme cela arrive souvent, d'où le sens de "même". Je crois qu'il s'agit d'une comparaison flatteuse avec la beauté des temples, et non l'évocation d'une fonction religieuse de l'édifice. C'est un parti pris qui m'arrange, car je n'arrivais pas à faire le lien, sinon. A noter au passage que le mot "temple" réfère certainement au culte protestant. Si j'avais un peu plus de connaissances du contexte historico-religieux, je pourrais peut-être trancher plus aisément.
5.Enfin, j'ai trouvé dans le Gaffiot que le mot "miles" pouvait être un singulier collectif, c'est à dire qu'au lieu de "soldat", on pouvait comprendre "les soldats", l'armée; cela me semblait mieux correspondre avec "casa", qui peut parfois désigner un "baraquement militaire". Sinon, ce serait soit une cabane, une chaumière, soit une propriété rurale, une petite ferme; mais ces deux acceptions ne me semblent pas aller avec le contexte citadin (URBIS). Donc je comprends "baraquement" pour "l'armée". Je n'ai pas vu le bâtiment sur place, n'habitant pas la région, mais les première lignes semblent parler d'un édifice plutôt imposant, non une simple bicoque. Je me suis donc permis de placer l'expression "quartiers militaires", je ne peux pas estimer si l'expression est appropriée ou exagérée; pour cela, je vous laisse juge du terme adéquat.
En discutant récemment avec Yannick, nous avions également émis l'hypothèse d'une influence de l'occitan: "casa" est-il un mot qui au XVIII° siècle pouvait désigner la maison d'un soldat unique, un officier, peut-être? C'est séduisant, même si je ne suis pas occitaniste, mais je vois deux objections à cela:
a-il serait surprenant que l'auteur mêle un registre classique (référence à Cicéron) et du latin de cuisine, mâtiné d'occitan
b-pourquoi désigner par le mot de soldat un officier? Le mot "miles" est réservé aux soldats du rang. Or, lorsqu'il s'agit d'utiliser les grades civils, l'auteur le fait très bien ("rectoribus", que j'ai traduit par "responsables politiques", mais vous trouverez peut-être mieux si vous avez le contexte de l'époque en tête - il utilise aussi les initiales de Dominus, "le maître", "le seigneur"). Pourquoi ne le ferait-il donc pas pour les grades militaires?
Voilà ce que je peux dire sur cette traduction.
N'hésite pas à me demander des précisions le cas échéant.
Cordialement
Régis DANIEL

Citation de Yannick Barbel le 11 août 2023, 14h21Merci @rdaniel !
Le double D est une abréviations pour "dominus"?
@patipap tu as mentionné hier que l'edifice avait hébergé quelques soldats dans le passé. La traduction pourait indiquer que ce n'etait pas temporaire : peut etre y a t'il des pistes dans les archives indiquant une occupation militaire ancienne/officielle?
Merci @rdaniel !
Le double D est une abréviations pour "dominus"?
@patipap tu as mentionné hier que l'edifice avait hébergé quelques soldats dans le passé. La traduction pourait indiquer que ce n'etait pas temporaire : peut etre y a t'il des pistes dans les archives indiquant une occupation militaire ancienne/officielle?