La Promenade

Cette grande place arborée de platanes est typique des villages languedociens.

Son nom a évolué avec le temps, le “Plan de la Reunion” occitan est devenu “Allées de la République”, son nom officiel actuel. Mais à Sérignan, tout le monde l’appelle la Promenade.

La Promenade de Sérignan est particulièrement conviviale et a toujours été le lieu de rencontres et de discussion des habitants: les jeunes aiment s’y retrouver pendant que les ancien s’y assoient pour discuter et regarder passer le monde.

Carte postale de la Promenade de la fin du XIXe siècle. Les trois rangées de platanes sont bien visibles.

Avant la Promenade

La Promenade a pris place sur la parcelle en pointe sud du village médiéval et l’ancien fossé entourant autrefois les remparts.

Zoom sur la parcelle 173 du cadastre napoléonien (1830).

A cette époque, le village fortifié est entouré par quatre boulevards:

  • au nord-ouest, le Boulevard de la Victoire (aujourd’hui Boulevard Pasteur)
  • au nord-est, le Boulevard de la Rivière (aujourd’hui Avenue de Béziers)
  • au sud-ouest, le Boulevard des Aires (aujourd’hui Boulevard Voltaire)
  • au sud-est, le Boulevard de la Promenade (aujourd’hui Allée de la République et Boulevard Victor Hugo)

Le nom de “Promenade” est donc antérieur à la place elle-même et désignait le boulevard sud-est.

Le nom de l’espace situé entre le Grand Café et la fontaine et ses abreuvoirs pour chevaux était “Place de la Réunion”.

Le projet

Avant 1960, le centre ancien abritait une population assez constante d’environ 3 000 habitants et ceci depuis le milieu du XIXe siècle. Bien avant cette période, la ville était enchâssée dans ses murs, ouverts de 7 portes et entourés d’un fossé de protection.

Après que les murailles aient disparu au fil du temps, la mairie réserve vers 1813, un emplacement privilégié (la parcelle précédemment mentionnée) pour réaliser une esplanade. Ce n’est qu’en 1842, toutes querelles oubliées entre propriétaires et acquéreurs, que le conseil municipal décide de construire un pont sur le fossé pour faciliter le passage à l’extrémité de la promenade ainsi que son aménagement.

L’aqueduc

L’ensemble est complété en 1853 par le nivellement, la plantation de trois rangées de platanes et la construction d’un aqueduc qui va servir à récupérer les eaux de pluie et les eaux usées afin de les évacuer vers la rivière. Il est important de remarquer que cet ouvrage est encore opérationnel de nos jours (seulement pour le pluvial, bien sûr !).

L’an mil huit cent cinquante trois et le vingt trois octobre, le Conseil Municipal de la commune de Sérignan, arrondissement de Béziers, département de l’Hérault, réuni extraordinairement dans la salle de la Mairie en vertu d’une autorisation de Monsieur le Sous-Préfet en date du dix-huit Octobre courant, sous la présence et sur la convocation de Monsieur Guillaume Gautier, adjoint et remplaçant de Monsieur le Maire absent. Présents de MM Tindel Pierre, Augé Pierre, Armand Étienne, Cabrillac, Ruffié Antoine, Roucairol, Fourestié, Crouzat Jean, Lamouroux Jean, membres du Conseil Municipal.

Vu le cahier des charges dressé par Monsieur le Maire, et accepté par Monsieur Valessie, architecte pour les ouvrages à faire pour construire un aqueduc sur le fossé qui borde la promenade.

A adopté le cahier des charges et désigné MM Crouzat Jean et Augé Pierre pour assister à l’adjudication.

Fait et délibéré à Sérignan les jours, mois et an dessus, et ont signé les membres du Conseil présents.

Délibération communales du 23 octobre 1853 sur la construction de l’aqueduc. Cliquez ici pour voir le document original (sur la page de droite).
Vue en coupe transversale de l’aqueduc.

Vie sur et autour de la Promenade

Théâtre de manifestations de toutes sortes, la Promenade est le lieu incontournable de la vie quotidienne du village, sous l’ombrage généreux où règne depuis 1853, cette si réconfortante douceur de vivre. Depuis sa création, la Promenade est un espace d’échange, de débat et de convivialité.

Sur la photo ci-dessus:

  • Des commerces : le tabac, le grand café Guy (qui deviendra la poste) et plus loin le café Glacier (aujourd’hui Fop).
  • Sur la route pavée : les rails du tramway et la rangée de platanes qui avaient déjà 50 ans ! Ils seront plus tard supprimés pour élargir la voie et laisser plus de place aux voitures.
  • A droite : l’abreuvoir pour les chevaux.

Voici quelques textes écrits à l’époque par les autorités municipales pour justifier leur choix de l’aménagement de cette place :

« Les habitants de la commune ont vu avec plaisir les plantations d’arbres qui viennent d’être faites sur la promenade et où ils s’y promènent d’avance pendant les belles saisons profitant des agréments de la vue et de la fraîcheur, mais ils désirent rendre l’embellissement complet et utile en convertissant en terrasse la chaussée adossée au rempart… en la nivelant avec une banquette .»

Il s’agit là du côté contre-allée, mais il en sera de même pour l’autre côté, longé par le chemin de la rivière.

« Durant la rigoureuse saison d’hiver, les indigents et vieillards, pourront apprécier le précieux avantage de jouir de cette terrasse qui sera parfaitement à l’abri du vent du nord, des douceurs du soleil ».

Libérée de son cloisonnement ancestral, l’urbanisation s’étend tout autour de la promenade avec de nombreux immeubles bourgeois, ainsi que des cafés. De grands boulevards sont créés à l’emplacement du fossé de ceinture, prenant progressivement l’aspect actuel.

La contre-allée (une rue à part entière à ce moment-là) était bordée du café de France, un bureau de tabac, l’éternel café du Centre et le café Lamouroux (puis successivement Capdeville, de la Paix et la Pébrine et maintenant Brasserie Saint-Roch).

Le tramway

De 1900 à 1950, le tramway qui reliait Béziers à la mer s’arrêtait ici, à Sérignan.

La photo de 1913, dévoile le fameux tramway qui reliait Béziers à la mer (alors Sérignan-la-Plage). À l’entrée de la promenade, la fontaine alimentait, avec plusieurs autres bien réparties dans le village, l’ensemble de la population en eau potable. Cette corvée était le lot des femmes, à longueur de journée.


Au final, la place a assez peu été modifiée dans le temps. Ce sont surtout les commerces qui ont changé, mis à part le Grand Café qui a toujours été là et qui a gardé son nom. D’autres commerces ont fait l’histoire du lieu…

On ne peut que souhaiter longue et paisible vie à notre promenade, pour que les générations futures l’apprécient autant que celles du passé.

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