Le Tramway de Béziers à la mer

Historique

Faciliter le transport des Biterrois vers Sérignan-la-Plage date de l’âge d’or de la vigne, quand les habitants les plus aisés de la ville aspiraient à se rendre dans leur villa flambant-neuve, au milieu des roseaux et des cabanes de pêcheurs, mais face à une superbe plage de sable fin.

Un service de tramway hippomobile est organisé dans la ville de Béziers, vers Sérignan-la-plage dès 18791. L’appellation Valras-la-Plage interviendra juste avant la grande guerre. La ligne vers la plage, intitulée « Béziers La Mer », débute à la place d’Espagne (photo1), faubourg de Béziers, passe devant la campagne de St Martin, fait une halte à Sauvian (photo 2) et deux à Sérignan-village (photos 3 et 4), pour se terminer à la gare de Valras-la-Plage (photo 5), à la mer.

Photo 1: Béziers – le Tramway place d’Espagne.
Photo 2: l’arrêt de Sauvian.
Photo 3: Sérignan – l’arrêt de la place du pont.
Photo 4: Sérignan – l’arrêt de la Promenade
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Photo 5: L’arrêt final, à Valras-la-Plage

La concession d’un réseau de tramways électriques à voie métrique est attribuée en 1900 (décision de 1897, valable pour une durée de 54 ans) à la « Compagnie des tramways électriques de Béziers et Extentions », cotée à la Bourse de Lyon, puis à Paris (voir Photo 6). Les lignes sont mises en service en 1901 et vont participer au développement de la station balnéaire naissante.

Photo 6 : Action de la société des Tramway Électriques de Béziers

Le dépôt des motrices (30 exemplaires) et des remorques (24 exemplaires), ainsi que l’usine de production d’électricité, se trouvent route de Sérignan, où l’on peut encore voir les vestiges (Photo 7, pendant les inondations de 1907).

Photo 7a : le Tramway pendant les inondations de 1907
Photo 7b : L’usine des Tramways pendant les inondations de 1907

En 1903, un avenant au contrat de concession prévoit les dessertes minimales suivantes :

Sur la ligne de la place d’Espagne à la mer, pendant la saison balnéaire, c’est-à-dire du 15 juin au 15 septembre inclus, il y aura :

– Dans la matinée, trois départs dans les deux sens dont le premier à six heures.

– À partir de deux heures de l’après-midi un départ de la place d’Espagne toutes les heures jusqu’à neuf heures du soir; un départ de la mer toutes les deux heures jusqu’à six heures du soir; un départ de la mer à dix heures et un à minuit.
– Pendant tout le reste de l’année, il y aura dans les deux sens deux départs dans la matinée, deux dans l’après-midi et un dans la soirée

En 1927 la totalité du réseau électrique est de 27 km., dont 13 du Faubourg à la mer. Il ne reste plus que 22 motrices.

En 1932 la Compagnie est en liquidation et le réseau ferré est exploité en régie municipale. Il est alors réduit à la seule ligne allant de la place de la République à Valras-Plage (devenu commune indépendante), en passant par la station uvale (les allées), la place Garibaldi, la place d’Espagne et la mer.

Les tramways s’arrêtent 4 ans avant la date prévue, en 1949. Les bus prennent le relais.

Les rails seront enlevés en 1953.

Sont encore visibles:

  • l’ancienne “Usine des Tramway”, route de Sérignan, à Béziers:
  • une reproduction fidèle de motrice au centre commercial Polygone de Béziers:

Historiettes et Anecdotes

L’accident (Photo 8): Ce n’est sûrement pas la vitesse excessive qui est la cause de l’accident de la circulation qui intervient à l’automne 1947, dans le virage du Casserot, à Sérignan. La collision entre la rame partie de Valras et le camion de l’entreprise Mégnint conduit par Marius Marc, est probablement due à un défaut d’avertisseur sonore du tramway, qui bien que prioritaire, roulait à gauche et se devait de faire très souvent fonctionner sa trompe.

Photo 8 : Accident entre le Tramway et un camion Mégnint.

Le coiffeur : Jean attend le tramway à la promenade avec Paul et lui dit: « je n’ai pas eu le temps de me raser ce matin ». Paul lui suggère d’aller chez Emile, le coiffeur et maître barbier, situé en face, à l’entrée de la rue du 14 juillet. « Je pense que tu as le temps avant que le tramway n’arrive ». Il entre donc dans le salon, mais à l’instant précis où le tramway venant de Valras est en vue dans le virage. Jean ne craint pas de s’installer, Emile savonne et rase. Le tramway est reparti. Mais rassurez-vous, Jean montera dans la voiture… à la place du pont! Cette histoire (vraie) met en évidence la lenteur du tramway… et la légendaire célérité d’Emile.

Lenteur: Au même titre, Georges me raconte qu’en ville, le tramway loupé in-extremis à la station uvale (P. Riquet), pouvait être rattrapé à la place Garibaldi en descendant en courant la rampe des poilus.

Chauffeurs: Certains ont connu Clémence Machard, biterroise, dame de compagnie de Mme Viennet à Sérignan. Au préalable elle était concierge de la maison Viennet, rue Montmorency, à Béziers. Mais savez-vous ce qu’elle faisait encore avant? Pendant la guerre de 14, elle conduisait le tramway. Conflit oblige : les hommes n’étaient plus là.

Resquille: Pendant l’été le convoi était composé de plusieurs voitures. Le contrôleur2 commençait la vérification des tickets en partant de l’avant. Les jeunes se mettaient au fond et dans la côte de la Pasquière, après St Martin, ils profitaient du ralentissement pour descendre et remonter à l’avant, là où le contrôleur était déjà passé. André nous raconte que cette opération se renouvelait suivant la même technique, dans la côte de Valras.

Notes:

1 – Cependant, le site officiel de la ville de Valras, mentionne la création de la ligne de chemin de fer en 1846, « pour démocratiser les bains de mer ».

2 – Dans la mémoire vive, les contrôleurs les plus célèbres sont : MM. Jean Rouquet, Léon Escaich et Manibal.

Merci aux membres de l’association, ainsi qu’à Néné Sandonato et Anne-Marie Vidal!

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