« Ce registre contient la déclaration de toutes les personnes ayant leur principal domicile dans la communauté de la ville de Sérignan, diocèse de Béziers. »
Il contient 33 feuilles de parchemin écrites à la plume par les donateurs aux « besoins de l’Etat ».
Celui qui donna l’exemple fut le Premier Consul Jean-Jacques Brousse, qui deviendra le 19 novembre 1791 (1er Frimaire an II), le premier maire du village. La somme de 650 livres versée, correspond au rang important qu’il occupait. Il fut donc le N° 1 d’une liste de 227 personnes qui ont donné des sommes variables, en fonction de leurs moyens ou de leur rang, dans la période du 25 décembre 1789 au 15 avril 1790.
Toutes les déclarations étaient libellées de la même manière. Voici l’exemple du N°9:
Je soussigné, Antoine Izard, maître tailleur d’habits de la présente ville, déclare que mon vœu étant de contribuer aux besoins de l’état, j’offre librement et volontairement la somme de quarante huit livres. Je m’engage à m’acquitter de la somme de quarante huit livres en trois paiements avant l’expiration de chacun des trois termes fixés par l’article XI du décret de l’assemblée nationale, à Sérignan ce décembre.
Contribution Patriotique de Sérignan, 1789-1790 , déclaration 9
L’article XVI était également évoqué par certains. Etait-ce un clin d’œil au roi déchu ? Non ! Cet article garantissait le versement du solde de la somme promise par le père, par le fils de la famille.
Les sommes, versées en 3 mensualités, ont variées entre 2 et 650 livres. Chacun donnait en fonction de ses possibilités. Statistiquement, les Brassiers (ceux qui prêtaient leurs bras, donc les ouvriers) donnaient entre 3 et 12 livres, les Ménagers (les propriétaires) entre 12 et 150 livres, les Bourgeois de la présente ville (qualité qu’ils s’attribuaient), entre 48 et 110, les Maîtres en chirurgie (médecins), entre 12 et 100, les Artisans (bourreliers, plâtriers, serruriers, menuisiers…), entre 6 et 48 livres, les Patrons ou Maîtres de pêche, entre 4 et 24 livres…
Plus précisément, les 2, 3 et 4ème consuls ont versés:
- Etienne Cantan : 115 Livres
- Jean Roucayrol : 100 livres
- Antoine Lhéritier : 36 livres
Certains notables ont aussi apportés de généreuses contributions:
- le capitaine Guillaume Dejammes Paradis : 200 livres
- le citoyen Guillaume de Thomières d’Orbpellières : 400 livres.
Ce précieux registre, soigneusement gardé dans les archives de la mairie, est le reflet exact de la communauté sérignanaise au lendemain de la Révolution, il y a 232 ans. Il nous instruit sur l’organisation de la municipalité, les noms des familles dont certaines sont encore présentes, l’orthographe de ces noms, l’usage des prénoms, les surnoms, les métiers exercés par les habitants, les noms parfois bizarre de ces métiers, les rangs de chacun dans la société, leurs moyens financiers respectifs, leur solidarité avec l’Etat, leur adhésions au changement, à la future République…
La liste presque complète des généreux donateurs que contient le registre est disponible. Certains y retrouveront peut-être leurs aïeux et nul doute que ce répertoire provoquera des envies de recherches généalogiques.
Remarquons que la participation des chanoines et du curé de la paroisse, fut particulièrement généreuse pour les besoins de l’Etat !
Un texte de Jean-Pierre Balza