La seigneurie de Sérignan

Premièrement je suis seigneur de toute l’étendue de la terre du dit Sérignan qui a ses bornes et limites et ses confrontations certaines d’une part la mer et autre la terre de Valras d’autre part la terre de Villeneuve et de Sauvian et d’autre part la terre de Pourcairagne dans lesquelles confrontations la rivière d’Orb passe au milieu et en tout ce qui est compris étant l’enceinte de la dite confrontation.

C’est ainsi qu’en 1683 Hercule Henry de Lort, seigneur de Sérignan et autres lieux, délimitait la seigneurie. Ce n’est pas d’une grande précision géographique. Seule indication, Sérignan confronte la mer certainement rive gauche de la « rivière Orb » qui passe au milieu (la rive droite appartenant à Valras). Il désigne les terres voisines mais pas les limites. Il est fort probable qu’elles n’ont pas changé, sauf peut-être avec Valras.

L’origine possible du village

Nous ne connaissons pas l’origine du village mais on peut essayer de l’imaginer (mais il ne s’agit que d’une hypothèse):

Vers le VIème siècle av. J.C, les grecs viennent s’installer à Béziers. Ils y sont obligatoirement allés en remontant l’Orb. Mais il y a peut-être eu un petit obstacle sur leur route, le haut-fond qui se trouvait autrefois légèrement en aval du pont actuel, haut-fond qui a durant de longs siècles été utilisé comme gué en l’absence de pont. Un transbordement des marchandises devait donc avoir lieu pour continuer la navigation sur des bateaux plus petits. Cette activité portuaire est peut-être à l’origine de Sérignan. Ce qui est certain c’est que l’activité du port de Sérignan s’est maintenue plusieurs siècles.

Les familles de la seigneurie

Par manque de sources écrites il est difficile de mettre un nom sur la ou les familles ayant exercé l’autorité seigneuriale sur Sérignan dans les premiers temps de son histoire. Mr Shinya Mukai, docteur en histoire médiévale, signale au XIIème siècle le nom de Guillaume de Capestang comme maître du castrum.

Premières familles

Il faut attendre l’après croisade des albigeois pour trouver la famille des Levis-Mirepoix, et la seigneurie partagée en deux parts sans savoir quand et pourquoi ce partage a eu lieu.
Ces parts seront vendues, revendues à divers riches bourgeois, entre autres les Ninart de la région de Toulouse qui rendent hommage en 1488 en divisant la seigneurie (ils créeront aussi un marché à Sérignan):

Les de Lort

Par mariages, les de Lort ont réuni la seigneurie. A l’origine de cette famille de riches marchands narbonnais et consuls: les Razeire.

Au XVème siècle Pierre Razeire est juge pour le roi, propriétaire de plusieurs domaines. Son surnom « de Lort » va petit à petit devenir son nom. Très vite cette famille pratiquera le métier des armes. Ils servent également le roi avec beaucoup de courage.

Jean François de Lort (1545-1598) participe activement aux guerres de religion qui ravagent le Languedoc.

En 1638, Guillaume de Lort (1578-1642) fera acte de bravoure en défendant avec succès la ville de Barcelone. Il mourra suite à ses blessures et sera le seul de Lort à être enterré dans la collégiale de Sérignan en 1642.

Les de Lort ont lié de nombreuses alliances matrimoniales avec les plus grandes familles du biterrois.

Les Castanier D’Auriac

En 1719 Joseph Jacques de Lort vend Sérignan pour la somme de 220 000 livres à Guillaume Castanier D’Auriac, tout en gardant le titre de marquis de Sérignan.

Les Castanier D’Auriac sont laboureurs près de Mazamet fin XVIème siècle, marchands puis fabricants de drap et grands propriétaires terriens au XVIIème, financiers au XVIIIème.

Avec l’achat de la terre d’Auriac, ils transformeront leur nom en Castanier D’Auriac.

Cette famille s’éteindra avec Mme de Poulpry née Castanier D’Auriac qui avait réuni à son immense fortune celle de son oncle.

La Révolution confisquera et vendra une partie de ses biens. Avec elle a pris fin l’histoire des seigneurs de Sérignan.

René Vidal

Membre de l’association Histoire de Sérignan


Note(s):

(3 commentaires)

  1. Merci de votre commentaire. S’il est évident que les LEVIS ont reçu entre autres la seigneurie de Sérignan, ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est comment cette seigneurie a été divisée en deux parts inégales 1/3 – 2/3 .
    Cordialement
    René VIDAL

  2. Les descendants de Gui de Lévis ont hérité de ces terres. Sérignan appartenait en partie à une des filles de la lignée.

  3. Bonjour; Les Lévis Mirepoix se retrouvent dans de nombreuses seigneuries du Languedoc. Cela remonte à la Croisade armée contre les cathares. Appeler croisade contre les albigeois est un peu réducteur même si c’est une dénomination consacrée.
    Gui de Lévis était un vassal de Simon de Montfort en Ile de France. Il l’avait suivi dans la croisade. Il reçut le titre de Maréchal de a Croisade et de la Foi. A le fin de la croisade armée le titre de Maréchal de la Croisade se perdit. Celui de Maréchal de la Foi lui fut conservé. Il devint même un titre héréditaire. En tant que Maréchal de la Croisade il recevait des terres de la part de Montfort puisque les terres conquises étaient « exposées en proies ». Le statut de Gui de Lévis était particulier. Comme le roi était son suzerain supérieur en Ile de France il n’a pas eu à les remettre au moment où les autres lieutenants de Montfort ont eu à les rendre au Roi. Il y a plus. Cordialement. RS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *