Me promenant par la petite route qui monte vers Valras en longeant la départementale, je suis passé près du “camping de l’Hermitage”. Redescendant de l’autre côté, avant d’arriver au lycée, je suis passé à côté du “clos de l’ermitage”. De toute évidence il y a eu un ermitage à proximité.
La première question que je me suis posée : avec ou sans “H”? La réponse est simple : la version avec “H” est simplement l’ancienne orthographe.
Seconde question : a quel endroit était-il situé? La réponse se trouve indirectement dans le compoix.
Le compoix était un registre dans lequel étaient inscrits les biens de chaque propriétaire (maisons ou terres). Ces biens étaient évalués et cette évaluation servait de base pour le calcul de l’impôt.
Dans les biens de la communauté, on retrouve l’information suivante :
Une chapelle hermitage et champ appellé St Martin de valras confronte le tout de terral et grec aphrodise bourie marin le chemin de valras de trois cannes de large midi le seigneur de sérignan contient le champ treize punières trois destres et l’hermitage et chapelle vingt deux cannes sept huitième estimé le champ au second degré du faible fait en tout neuf sols trois deniers.
Le champ avait une superficie de 2010 m², l’hermitage et la chapelle 88 m².
Les points cardinaux de cette époque étaient :
- Terral ( vers les terres) : l’ouest
- Grec (vers villeneuve) : le nord
- Marin (vers la mer) : l’est
- Midi : le sud
Ce texte nous apprend que la chapelle hermitage était la propriété de la communauté de Sérignan et que cette communauté en payait l’impôt de 9 sols 3 deniers pa sol mandé par le Roi.
Il nous permet également de localiser ce bien. Comme indice nous avons : au marin le chemin de Valras de 3 cannes de large.
Si l’ermitage était au ”clos de l’ermitage” le chemin serait de terral. Il faut donc écarter cette hypothèse.
S’il se trouvait côté “camping de l’Hermitage”, le chemin serait de marin, ce qui pourrait correspondre. Mais tous les terrains bordant ce chemin de Sérignan seraient compatibles.
Son voisin vers Sérignan, Aphrodise Bourie a lui aussi de marin le chemin de Valras. Ce chemin de Valras était certainement celui qui, de Sérignan monte vers Valras jusqu’à l’embranchement du chemin de Querelle au poste de Valras (cadastre dit de Napoléon, section E2).
Son voisin vers Sérignan Aphrodise Bourie a lui aussi de marin le chemin de Valras. Ce chemin de Valras était certainement celui qui, de Sérignan monte vers Valras jusqu’à l’embranchement du chemin de Querelle au poste de Valras (cadastre dit de Napoléon section E2)
Son voisin de midi, le seigneur de Sérignan, est lui bordé de marin par le chemin de Valras à la Galine.
Ce chemin partait de Vendres pour arriver à l’embranchement ci dessus. Il existe toujours.Il passe près du cimetière de Valras.
Si on suit ce chemin, de voisin de midi en voisin de midi, le seigneur de Sérignan plusieurs fois et enfin Jacques VISSET on arrive au rec de Guitou.
Il est donc possible que notre ermitage ait été situé près de l’embranchement du chemin de Valras et du chemin de Valras à la Galine (actuellement chemin de la Galine)
On peut en déduire sans aucune preuve archéologique, que l’ermitage pouvait se trouver entre le rond point, le cimetière et la D64.
Citation dans les archives
Cette chapelle portait le nom de St Martin. L’église de St Martin de Valras est citée depuis le Xème siècle, mais pas l’ermitage.
La première citation trouvée date de 1670 (mais il peut y en avoir d’antérieures, il faudra poursuivre les recherches) : les consuls de Sérignan reçoivent une demande qu’ils exposent au conseil général de la communauté. La délibération consulaire du 9 décembre 1670 qui nous dit:
L’an mil six cent septente le vingt neufième jour du mois de décembre dans la maison consulaire du lieu de Sérignan et matin par devant nous M° Jean Barral Viguier de la cour ordinaire dudit Sérignan sont présents les dits sieurs consuls ordinaires du lieu qui ont dit avoir fait crier le conseil général par Paul Valles valet mandataire en la forme ordinaire et seroit assemblés les habitants sy après nommés/
La liste qui suit est intéressantes car elle permet de connaitre le nom de sérignanais en 1670 :
- André Combescure
- Guillaume Compte
- Gabriel Gazaignes
- Jacques Monjau
- Jacques Cruvilhe
- Bernard Bousquet
- Jean Domergue
- Pierre Gautie
- Jean Labriague vieux
- Vidal Garenq
- Rigaud Morin
- Pierre Buissonnade
- Marc Malpas
- Jacques Mijoulet
- Guilhem Labatut
- Raymond Roudil
- Jean Serre
- Jean Rey
- Jean Galy jeune
- Pierre Maladge
- Guillaume Bedos
- Gabriel Lamotte
- Pierre Figeac.
Ils sont réunis pour discuter et voter les propositions faites par les consuls concernant la vie de la communauté.Ce jour là, la 5ème proposition concernait la demande faite par un religieux ermite de construire à ses frais une cellule à l’ermitage de St Martin de Valras pour y vivre.
L’assemblée générale donna son accord. Cet ermite est probablement Louis Buffy qui est trouvé mort dans l’ermitage 5 ans plus tard.
Louis Buffry [ou Buffery] agé de soixante ans champenois hermite résidant dans l’ermitage et église de saint martin de valras décédé a été trouvé mort dans icelle ce vingt sept février mil six cens septante cinq présant les sousssignés en foy de quoi
Il y eut certainement d’autres ermites dont nous n’avons aucune trace sauf en 1733 REY Hilarion. Il a la particularité d’être sérignanais.
frere hilarion Rey hermite de valras originaire de sérignan a été enterré dans la chapelle St Pierre sépulture de ses ancêtres le trente unieme décembre mil sept cent trente trois agé de soixante dix ans dans l’an de son noviciat.
La chapelle St Pierre était une des chapelles latérales de la collégiale. Le fait d’être enterré dans l’église montrait un certain rang social.
Depuis, que sont devenus la chapelle, l’ermitage et les ermites ?